Niger–États-Unis : une suspension de visas qui interroge
Depuis le 25 juillet 2025, l’ambassade des États-Unis à Niamey a suspendu la délivrance de tous les visas ordinaires, qu’ils soient immigrants ou non-immigrants. Seuls les visas diplomatiques et officiels échappent à cette mesure brutale, qui s’inscrit dans une politique migratoire de plus en plus restrictive menée par l’administration Trump. Officiellement, Washington évoque des « préoccupations » liées au gouvernement nigérien et pointe du doigt les taux de dépassement de séjour des Nigériens aux États-Unis : 8 % pour les visas de visiteur et 27 % pour les visas étudiants4. Mais derrière ces chiffres, se dessine une stratégie plus large de pression diplomatique, dans un contexte de refroidissement des relations bilatérales depuis le retrait des troupes américaines du Niger en 2024. Une politique migratoire à géométrie variable
Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump utilise les visas comme levier politique. Plusieurs pays africains ont déjà été visés par des interdictions d’entrée ou des restrictions sévères, souvent sans justification claire ni dialogue préalable3. Le Niger, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), semble désormais payer le prix de son repositionnement géopolitique et de son éloignement des partenaires occidentaux.Trump, entre sécurité nationale et calculs électoraux
Sous couvert de sécurité nationale, Donald Trump poursuit une politique migratoire qui mêle rhétorique populiste, ciblage idéologique et instrumentalisation des procédures consulaires. La suspension des visas au Niger intervient alors que son administration multiplie les expulsions, menace de révoquer des cartes vertes pour des opinions politiques jugées « hostiles », et renforce la surveillance des réseaux sociaux des demandeurs de visa. Conséquences humaines et diplomatiques
Cette mesure affecte directement des milliers de Nigériens : étudiants en attente de départ, familles engagées dans des procédures de regroupement, professionnels en mission ou en formation. Elle risque aussi d’alimenter un ressentiment durable envers les États-Unis, tout en fragilisant les ponts culturels et académiques entre les deux pays.
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